Spécialisée dans la confection numérique et 3D de bijoux et de sacs, la jeune startupper luso-luxembourgeoise souhaite lancer sa propre ligne de vêtements et d’accessoires virtuels, pour jeux et réseaux sociaux.
Elle fut la seule FashionTech à représenter le Luxembourg au CES2021. Stéphanie Santos, fondatrice de la startup éponyme, y avait assisté pour établir des contacts, trouver des partenaires et des investisseurs, et surtout pour communiquer sur son concept et ses créations, afin d’acquérir plus de visibilité.
Car la jeune femme se positionne comme une designer d’avant-garde, en proposant de la confection expérimentale, esthétique et artistique, via le design numérique et l’impression 3D.
Son concept : concevoir des accessoires (en plastique sacs, bijoux et boucles d’oreilles), depuis son ordinateur, puis les « éditer » sur ses imprimantes 2D et 3D.
Ses collections comptent déjà une vingtaine de modèles de vêtements et accessoires.
Les pièces de ses sacs sont imprimées individuellement, puis assemblées avec des éléments métalliques (eux aussi recyclables), comme les sacs traditionnels confectionnés en maroquinerie.
Pour ses matières premières, elle travaille avec du thermoplastique polyuréthane (TPU), un plastique selon elle non polluant, recyclable, et qui peut être réutilisé indéfiniment.
« L’idée est de travailler un matériau au cycle de production et de vie économiques et durables : chaque pièce que j’imprime, peut être à nouveau coupée en petits morceaux et refondue en filaments, réutilisables par une machine pour d’autres productions, » explique-t-elle.

Design virtuel et augmenté
Hormis le recyclage qu’elle confie à une société espagnole, elle réalise elle-même le design, la production et l’assemblage dans son atelier de Luxembourg-Ville.
Spécialisée dans la confection pour femmes, Stéphanie Santos souhaite se développer dans la lingerie féminine, et proposer des articles hybrides, entre lingerie et prêt à porter. Ses clientes seront des femmes qui adorent le côté artistique et innovant de la mode, et portent la lingerie avec enthousiasme.
L’idée est de travailler un matériau au cycle de production et de vie économiques et durables
Elle a également des projets de design en réalité virtuelle et augmentée. L’idée : créer des vêtements digitaux pour des animations, du gaming ou encore comme filtres destinés aux réseauteurs sociaux.
Ses clients seront avant tout les utilisateurs de ces plateformes sociales et de jeux en ligne, par ailleurs fans de mode, et qui souhaitent de temps à autre renouveler leur propre garde-robe virtuelle – ou celle de leurs avatars – avec des vêtements, et des accessoires de mode achetés avec de la monnaie réelle ou celle plus fictive en cours dans le jeu.
Elle voit dans ce créneau une demande croissante. Depuis quelques années déjà, les grandes marques comme Gucci, Versace, ou encore Adidas et Supreme ont vu là l’opportunité d’affaires de ces mondes virtuels.
Pour son business, elle recherche donc des développeurs et des investisseurs, dans l’espoir de lancer bientôt sa propre collection.
En recherche d‘écosystèmes
Mais si elle veut mener à bien ses rêves, elle doit avant tout quitter le Luxembourg, dont l’écosystème FashionTech est selon elle peu développé ni apte à l’accompagner dans ses ambitions.
« Le Grand-Duché est un terrain difficile pour une activité d’innovation comme la mienne, » regrette-t-elle. « Mon activité est tellement nouvelle, pour le tissu économique et technologique du pays, qu’il est très compliqué de s’y faire connaître et de percer ».
Aussi, elle compte s’installer dans un pays européen déjà plus avancé dans ces tendances : Pays-Bas, Italie ou encore Portugal. Puis y trouver des collaborateurs et des partenaires prêts à croire en son projet et à l’accompagner.
Née au Luxembourg il y a un peu plus d’un quart de siècle, Portugaise d’origine et dotée de la double nationalité, Stéphanie Santos a étudié la mode de luxe et la haute couture à l’ESMOD, l’école de Fashion Design de Roubaix.
Durant sa dernière année de formation, elle décide de se spécialiser dans la FashionTech, et de s’engager dans une approche de la mode, basée sur l’innovation technologique et durable, en réaction aux pratiques actuelles d’hyperconsommation et du tout-déchet.
Elle effectue alors un stage auprès de la créatrice de mode néerlandaise Iris van Herpen, une des premières à avoir intégré la technologie dans la mode.
Puis suit un cursus d’un an en Fashion Tech à la Fabricademy d’Amsterdam.
De retour au Luxembourg, elle lance son atelier début 2020. « Tout ce que je fais, c’est aussi dans l’optique de la recherche, car tout est si nouveau, et les méthodes évoluent tellement rapidement, » note-t-elle.
« J’espère qu’à l’avenir, il existera un système de consommation étique et durable basé sur l’impression ou le digital 3D, et ou la production digitale deviendra la norme principale ».
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