Goldbaum, la plate-forme d’informations financières, qui fête ses deux ans, accompagne les acteurs des fonds ETF dans leurs décisions stratégiques.
L’idée naît vers 2015 à Londres : Valérian Branco et Marco Materazzi, deux analystes de la Citi, respectivement luxembourgeois et italien, réfléchissent à une plate-forme de collecte, d’agrégation et de pré-analyse de données et d’informations financières sur les ETF.
Depuis des années, ces fonds de placement négociés en bourse connaissent en effet un succès croissant, auprès des investisseurs individuels et professionnels.
Très souvent cependant, l’information disponible, pour aider ces derniers dans leur stratégie d’investissement, est lacunaire. Une niche, que les deux collègues souhaiteraient bien exploiter.
« Brexit à rebours »
Le Brexit, et les incertitudes d’affaires qu’il génère, leur en donnent alors l’occasion.
Fin 2016, quelques mois après le referendum sur la sortie européenne du Royaume-Uni, Valérian Branco décide de quitter le pays, et de se chercher une nouvelle terre d’accueil, pour lancer le projet.
Si Paris est d’abord envisagé, c’est dans le garage familial de à Dippach, qu’il s’installe pour créer son application fintech.
« J’ai opéré mon propre Brexit à rebours ; avec un retour au pays pour rester dans l’UE, » confie le Luxembourgeois.
Le concept est simple : lancer des robots à la recherche et dans la collecte des données financières et extra-financières sur les ETF. Puis mobiliser l’intelligence artificielle, pour les agréger et les analyser.
Proposer ensuite le tout sous forme de tableau de bord, les clients n’ayant tout simplement « qu’à appuyer sur un seul bouton, pour obtenir les informations souhaitées, » précise Valérian Branco.
J’ai opéré mon propre Brexit à rebours ; avec un retour au pays pour rester dans l’UE.
Ces derniers sont avant tout des émetteurs de fonds ETF, ainsi que leurs clients institutionnels – gestionnaires de fonds, en banque privée ou de détail, family offices, courtiers en ligne… – qui ont besoin de données pertinentes, pour leur décision d’achat ou de vente avant la cotation, et plus généralement pour la gestion de leurs portefeuilles.
L’info en mode SaaS
L’outil en ligne est proposé selon le modèle de software as a service (SaaS), les clients utilisant soit le logiciel à distance, soit leur infrastructure connectée à une interface, via un abonnement mensuel ou annuel.
Le prix est fonction du type d’informations choisies, comme le document d’informations clés pour l’investisseur (KIID), ou la valeur nette d’inventaire (VNI).
« En offrant toutes ces informations en un seul package, nous vendons du temps, » résume son concepteur. « Grâce à notre travail, les gestionnaires de portefeuille pourront davantage se concentrer sur leur métier cœur et sur leur stratégie d’investissement ».
En février 2018, Valérian Branco lance sa start-up, Goldbaum, avec trois autres co-fondateurs : Marco Materazzi, qui l’a entretemps rejoint depuis Londres, passe Chief Operating Officer et s’occupe du développement du produit ; Aymeric Brochier, un ingénieur logiciel et chercheur au Laboratoire d’informatique de Grenoble (LIG), devient chief technology officer ; et Yves Deschenaux, investisseur silencieux, qui reste en retrait des opérations.
Dans la foulée, les premières versions de l’application sont lancées et testées auprès de 200 utilisateurs, essentiellement des courtiers, des analystes et des gestionnaires de portefeuilles basés à Paris, Londres, Luxembourg et Francfort.
Début 2019, la Fintech quitte le garage de Dippach, s’installe à Roeser, puis lance sa première application.
Après la reconnaissance des pairs, l’écosystème start-up luxembourgeois commence alors à s’intéresser à la fintech : celle-ci bénéficie de Fit 4 Start, un programme d’accélération initié par le ministère luxembourgeois de l’Economie et géré par Luxinnovation.
Le dispositif comprend du coaching, un financement jusqu’à 150.000 euros, ainsi que la mise à disposition de bureaux et d’un réseau.
Freins au développement
Pour son projet, Goldbaum reçoit également le prix d’excellence de la Commission européenne, dans le cadre de son programme Horizon 2020. Tandis qu’Hub612, l’incubateur lyonnais de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes, propose à ses fondateurs de l’héberger.
Ceux-ci acceptent l’offre et prévoient d’y installer leur département recherche et développement, début mai 2020. En pleine épidémie de corona virus, l’opération pourrait être cependant retardée.
Deux ans après ses débuts, la jeune pousse emploie désormais neuf salariés. Sa plate-forme agrège de l’information sur 14.000 produits financiers, pour le compte d’une cinquantaine de clients.
Malgré son succès, la fintech peine à passer à l’étape supérieure, et se heurte à une première difficulté : celle d’attirer et de retenir au Luxembourg des talents pour leur R&D, les salaires en vigueur y étant trop élevés pour la jeune pousse.
Autre frein : la petite taille du marché financier luxembourgeois, pourtant deuxième place mondiale pour les fonds d’investissement. Car Goldbaum vise avant tout les opérateurs de front office, dont la plupart sont basés hors du Grand-Duché.
Aussi, dès les prochains mois, ses CEOs envisagent de déménager leur siège social en France, tout en poursuivant leurs activités commerciales depuis l’entité luxembourgeoise.
Selon eux, l’hexagone est en effet plus apte à offrir toute la base de développement et de clientèle dont ils ont besoin, pour accélérer leurs futurs projets d’affaires.
Silicon Luxembourg, avril 2020
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