Contorsionniste et trapéziste, elle abandonne le cirque pour devenir une des premières femmes aux Etats-Unis à pratiquer le tatouage. Reconnue de son vivant pour son art, elle montrera la voie à d’autres femmes.

Maud Stevens naît en février 1877 dans le comté de Lyon (Kansas). On ne connaît rien de ses parents David Van Buran Stevens et Sarah Jane McGee, ni de son enfance.

Particulièrement douée avec son corps, elle s’engage comme acrobate, trapéziste et contorsionniste dans des cirques ambulants, avec lesquels elle se produit à travers les Etats-Unis.

En 1904, elle se rend à l’Exposition universelle de Saint-Louis (Missouri), et y donne des représentations avec sa troupe.

De contorsionniste à tatoueuse

Elle y rencontre Gus Wagner, un artiste tatoueur qui exhibe dans les cirques les quelque 364 tatouages qu’il revendique, se présentant tantôt comme le « Globetrotter tatoué » ou « l’homme le plus artistiquement marqué d’Amérique ».

 Elle est fascinée par les tatouages. Il lui propose de monter un duo et de partir en tournée. Maud Stevens Wagner accepte à la condition qu’il la tatoue et lui enseigne l’art de graver sur la peau.

Attraction de cirque

Rapidement, le corps de Maud se couvre de motifs noirs typiques de l’époque: papillons, lions, serpents, portraits d’arbres et même son propre nom sur le bras gauche.

Le fait est rare chez les femmes dans les années 1900, ce qui fait d’elle une attraction de cirque très prisée.

Le couple se produit dans des foires, des salles de jeux, ou des théâtres et propose des séances de tatouages après leur spectacle.

 Malgré l’invention du tatouage mécanique, les Wagner n’abandonneront pas les méthodes manuelles de gravure sur peau. Ils seront parmi les derniers à tatouer selon cette pratique.

 Artiste et pionnière

En 1941, Gus décède, frappé par la foudre. Maud continue de tatouer avec leur fille Lotteva, jusqu’à sa mort en 1961.

 Reconnue de son vivant, comme l’une des premières artistes tatoueuses, elle a non seulement marqué l’histoire contemporaine du tatouage, avec son mari.

 Elle fait aussi figure de pionnière pour de nombreuses femmes, pour qui se tatouer est une forme de réappropriation de son corps.

Dans son histoire secrète des femmes et du tatouage (Bodies of Subversion: A Secret History of Women and Tattoo) publiée en 1997, la journaliste Margot Mifflin conclut : «Les tatouages attirent les femmes contemporaines à la fois comme emblèmes d’autonomisation à l’ère des acquis féministes et comme insignes d’autodétermination à une époque où les controverses sur le droit à l’avortement, le viol et le harcèlement sexuel les ont amenées à réfléchir sérieusement à qui contrôle leur corps – et pourquoi. »

BIOGRAPHIE

Février 1877 : naissance de Maud Stevens.

1904 : rencontre avec Gus Wagner à l’Exposition universelle de Saint-Louis.

1907 : mariage de Maud Stevens et de Gus Wagner.

Mars 1910 : naissance de leur fille Lotteva Stevens Wagner.

1941 : décès de Gus Wagner.

30 janvier 1961 : décès de Maud Stevens Wagner à Lawton (Oklahoma).

ANECDOTES

Lotteva, qui a commencé à tatouer à l’âge de neuf ans, est devenue elle-même tatoueuse.

Contrairement à ses parents, elle n’a jamais porté de tatouages.