Peintre américaine, spoliée par son mari puis réhabilitée par la justice comme auteure de ses propres œuvres, elle est mondialement connue pour ses portraits de femmes et d’enfants souvent tristes et aux yeux surdimensionnés. Elle compte parmi les artistes les plus prolifiques et influentes de son temps.
Les yeux en affection
Peggy Doris Hawkins, de son vrai nom, Margaret naît le 15 septembre 1927 à Nashville dans le Tennessee. Dès son plus jeune âge elle peint et dessine. Ses premières peintures représentent deux petites filles, l’une pleurant, l’autre riant.
Ses portraits d’enfants avec de grands yeux prédominent déjà. À 10 ans, elle suit les cours de la Watkins Art Institute (Nashville), une école d’arts et de design. À 18 ans, elle s’inscrit à la Traphagen School of Design de New York.
A la fin des années 1940, elle se marie avec Frank Richard Ulbrich dont elle a une fille. Elle s’enfuie avec cette dernière en Californie. Ils divorceront en 1955.
Les yeux que je dessine sur mes enfants sont une expression de mes sentiments les plus profonds. Les yeux sont les fenêtres de l’âme
Enfermée et escroquée par son mari
Elle se remarie alors avec Walter Keane, un agent immobilier qui a étudié l’art en Europe et se fait passer pour un artiste. Il commence à vendre les œuvres de sa femme sous le nom de « Keane », tout en s’attribuant leur paternité, à l’insu de cette dernière.
Considérés comme kitsch et niais par la critique d’art, les tableaux de Margaret deviennent cependant célèbres. Leurs reproductions se vendent à des milliers d’exemplaires et rapportent des millions au couple.
Buveur et coureur de jupons, grisé par le succès et la renommée, son mari commence à la maltraiter, à l’enfermer dans son studio – parfois 16 heures de d’affilée – en l’obligeant à peindre toujours plus et plus vite.
En 1965, elle divorce, en lui promettant de ne pas dévoiler la vérité. Elle continue à signer son travail du nom de « Keane », faisant de son ex-mari l’auteur officiel de ses propres œuvres.

Officiellement réhabilitée
En 1970, n’y tenant plus, elle se confie à un journaliste radio et lui révèle la supercherie. En 1986, elle intente un procès à son ex-mari.
Lors d’une audience, le juge leur enjoint de peindre le portrait d’un enfant aux grands yeux, devant la Cour et les jurés. Walter refuse, prétextant une épaule endolorie. Margaret exécute le tableau en 53 minutes.
Le juge lui donne alors raison. Elle est de nouveau autorisée à signer ses œuvres de son nom. Il est condamné à lui verser 4 millions de dommages et intérêts, qu’elle ne verra jamais, celui-ci ayant déjà dilapidé toute la fortune du couple.
En 1970, elle épouse l’écrivain sportif Dan McGuire. À plus de 90 ans, elle continue à peindre et à dessiner. Sa galerie de San Francisco, compte la plus grande collection de ses toiles dans le monde.
Un regard influent
Margaret est considérée comme l’une des artistes les plus prolifiques et les plus influentes de son temps. Ses personnages des enfants et des jeunes filles souvent tristes aux grands yeux, inspirés de sa fille, et parfois appelés « Keane Eyes » (yeux de Keane), rappellent les « Poulbot », ces titis parisiens délurés et débrouillards.
Inspirée par Modigliani, Van Gogh, Klimt et Picasso, elle a également influencé des artistes surréalistes et de pop art (Igor Pantuhoff, Yoshitomo Nara ou Mark Ryden), des créateurs de jouets (Little Miss No Name Dolls, poupées Blythe), ou de dessins animés (Les Supers Nana, de Craig McCracken).
Des acteurs d’Hollywood – Joan Crawford, Natalie Wood, Jerry Lewis notamment – lui ont commandé leur portrait.
ANECDOTE
Un film réalisé par Tim Burton en 2014, « Les grands yeux » retrace une partie de sa vie. Son personnage est Interprété par Amy Adams, Christoph Waltz joue le rôle de Walter Keane.
BIOGRAPHIE
1948 : mariage avec Frank Richard Ulbrich. Ils ont une fille.
1955 : remariage avec Walter Keane, un agent immobilier.
1965 : divorce. Ses œuvres continuent à porter le nom de son ex-mari.
1966 : mariage avec Daniel Francis McGuire.
1970 : dans une interview radio, elle révèle être l’auteure de ses toiles.
1986 : elle intente un procès à Walter Keane pour usurpation. Réhabilitée par la justice, elle est officiellement autorisée à signer ses peintures de son propre nom.
Recent Comments