Les zones 30 pourraient à termes favoriser les modes de transport les moins polluants, fluidifier le trafic et re-socialiser l’espace public.
En février 2020, 140 ministres et organisations publiques, privées et non gouvernementales
signaient la Déclaration de Stockholm, pour une baisse de moitié du nombre de décès sur routes d’ici 2030, et d’une intégration de la sécurité routière au développement durable.
Le document « prescrit une limitation de la vitesse à 30 km/h maximum dans les zones empruntées régulièrement et de manière planifiée par les usagers de la route vulnérables et les véhicules conjointement ».
Ces mesures « auront un impact positif sur la qualité de l’air et le changement climatique tout en étant essentielles à la diminution du nombre de morts et de blessés sur les routes ».
Si Fontenay-aux-Roses fait figure d’innovatrice en 2005, et Grenoble d’adoptante précoce en 2016, la décision parisienne fin août dernier de réduire la vitesse à 30 km/h dans quasiment toutes ses rues, pourrait faire tache d’huile auprès des villes encore réfractaires.
La mairie de Paris compte ainsi « participer activement à une politique de sécurité routière,
améliorer la qualité de vie sur l’espace public, permettre une mixité des ouvrages et promouvoir les mobilités actives » ; afin de réduire le nombre d’accidentés et blessés légers, de diminuer les nuisances sonores, et de parvenir à un « meilleur partage de l’espace public ».
Effets contrastés
En 2014 pourtant, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) constatait que limitation de vitesse ne rimait pas toujours avec baisse de décibels : « Pour des faibles vitesses de circulation, des éléments peuvent alors apparaître comme générateurs du bruit routier : aménagement, revêtements de chaussées, débit élevé et nature du trafic…, » indiquait-elle.
Concernant la qualité de l’air, elle ajoutait : « Il est généralement considéré que la diminution de la vitesse réduit les consommations de carburant et les émissions unitaires de polluant.
Cependant, plusieurs autres facteurs interviennent (type et âge des véhicules, pente de la voie, charge, fluidité du trafic, conditions de circulation, etc.), ce qui rend plus complexes la relation entre vitesse et pollution de l’air ».
Dans un rapport de 2020 sur les émissions routières, le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) notait : « Le premier facteur d’émissions n’est pas la vitesse mais l’accélération.
Autrement dit, « un trafic “heurté” ou congestionné est bien plus émissif qu’un trafic régulier et apaisé. (…) L’enjeu est donc de limiter l’intensité de ces phases d’accélération (limitation des vitesses autorisées) et d’apaiser la conduite. »
Analysant l’expérience grenobloise, l’organisme étatique confirmait que « l’accidentologie a également baissé en nombre et en gravité, avec un effet notable sur la sécurité des piétons », concluant que les zones 30 pourraient à terme favoriser les transport les moins polluants, apaiser le trafic et optimiser l’utilisation de l’espace public.
Renaissances urbaines
L’effet sur la fluidité du trafic est également avancé : Dunkerque justifiant la zone 30 précise « Il est prouvé qu’une vitesse réduite entraîne une circulation plus aisée, notamment dans les carrefours ». Un avis repris par la Fondation Sécurité Routière.
Les zones 30 pourraient redonner un second souffle aux commerces locaux et de centres villes (environ 20 à 50 % des commerces urbains), si le dispositif inclut un réaménagement des espaces et de la mobilité douce.
« Les clients non motorisés sont au moins aussi bons que les automobilistes (…) Certes ils achètent moins par visite, mais viennent plus souvent (…) Ils sont fidèles, » observe l’Ademe.
« Leurs revenus sont tout à fait comparables à ceux des automobilistes. »
Un président d’une association de commerçants parisiens relatait au monde.fr, que « les personnes qui se déplacent à pied ou à vélo font de meilleurs clients que les automobilistes. Ils achètent de moins gros volumes mais beaucoup plus souvent ».
La limitation à 30 km/h sera-t-elle bien respectée par les automobilistes ? Pour sûr, les bonnes vieilles méthodes dissuasives (radars, policiers aux abords des rues), les amendes et les retraits de permis n’épargneront pas les contrevenants.
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