Peintre classique le jour, passionnée de spiritisme et de théosophie, elle invente en secret l’art abstrait, bien avant Kandinsky, Mondrian ou les Nabis. Jugeant ses peintures trop novatrices pour être comprises du public, elle refuse de les montrer de son vivant. Ses toiles seront dévoilées au public plus de 40 ans après sa mort.
Une enfance académique toute tracée
Née le 26 octobre 1862 à Stockholm, Hilma af Klint est très tôt en contact avec la nature suédoise qui inspirera ses œuvres.
De sa famille d’officiers de marine, d’ingénieurs marins et de cartographes, elle héritera un intérêt pour les mathématiques et la botanique.
Douée pour l’art, elle peint très jeune, notamment des portraits. À 18 ans, elle intègre l’École Technique Artistique, puis l’Académie royale des Beaux-Arts de Stockholm.
Une muse et raison d’être : la spiritualité
Durant cette période, elle se lie avec un groupe de femmes artistes qui s’intéresse au paranormal. Au cours de séances de spiritisme, elle se sent guidée par une force qui lui dicte ses œuvres, et lui enjoint de transmettre des messages de l’au-delà aux hommes.
Hilma af Klint crée en état de transe, expérimente la peinture automatique, explore l’abstraction et développe son propre langage artistique, tout en poursuivant sa quête de spiritualité.
Une œuvre abstraite secrètement cachée
Officiellement, elle est peintre portraitiste et paysagiste. Un choix artistique volontairement classique et conformiste, dont elle tirera ses revenus.
En secret, elle réalise des œuvres abstraites et symboliques, consacrées aux mystères de la création et de la vie, et à la relation de Dieu avec les hommes. Une véritable raison d’être artistique, qui fait d’elle une pionnière du genre, mais qu’elle dissimulera toute sa vie.
Entre 1906 et 1915, elle entreprend une série de peintures consacrées au Temple, 193 tableaux, dont certains mesurent plus de 3 mètres. Elle y décrit les différents stades de la vie depuis la petite enfance jusqu’à la vieillesse.
Par la suite, elle peint des toiles plus petites, sur les thèmes ésotériques et des religions. Toute sa vie, la spiritualité restera sa source d’inspiration, sur laquelle elle laisse 150 cahiers de notes de réflexions et d’étude.
Les peintures se sont peintes directement à travers moi, sans esquisse préliminaire et avec grande force. Je n’avais aucune idée de ce que ces images allaient représenter
Des milliers de toiles non dévoilées
Hilma af Klint meurt en 1944 lors d’un accident de la route. Dans son testament, elle lègue l’ensemble de sa peinture abstraite, plus de 1.200 tableaux, à son neveu Erik af Klint, précisant que cette œuvre doit rester scellée jusqu’à 20 ans après sa mort.
La série du Temple notamment, sa création majeure qu’elle n’osa jamais montrer à ses contemporains – estimant que le monde et l’époque dans laquelle elle vivait n’étaient pas « mûrs » pour les recevoir – sera dévoilée 40 ans après sa mort.
Une vérité posthume révélée
La première présentation au grand public n’aura lieu qu’en 1986 à Los Angeles lors de l’exposition « The Spiritual in Art, Abstract Painting 1890-1985 ».
L’événement marquera le début de la renommée internationale d’Hilma af Klint. Ses œuvres seront montrées dans le monde entier. Sa collection de peintures abstraites est aujourd’hui gérée par la Fondation Hilma af Klint à Stockholm.
ANECDOTES
Toute sa vie, elle n’aura jamais eu connaissance des travaux de Vassily Kandinsky, considéré comme l’un des fondateurs de l’art abstrait, et dont les œuvres présentent de grandes similitudes avec ses toiles.
Pourtant, leurs peintures se côtoieront en 1914, lors d’une exposition organisée en Suède, the Malmö Baltic exhibition.
BIOGRAPHIE
26 octobre 1862 : Hilma af Klint naît au château de Karlberg à Stockholm
1879 : elle découvre le spiritisme.
1880 : elle étudie à l’Ecole Technique Artistique de Stockholm.
1882-1887 : elle intègre l’Académie royale des Beaux-Arts de Stockholm.
1887-1905 : elle travaille comme peintre de portraits et de paysages.
1896 : elle crée avec quatre autres diplômées des Beaux-arts, le Groupe des Cinq, qui se réunit pour des séances de spiritisme et pour pratiquer la peinture automatique.
1906 et 1915 : elle réalise la série des 193 pièces des Peintures du Temple.
Après 1915 : elle peint des toiles aux motifs géométriques inspirées de thèmes religieux et scientifiques. Ces tableaux sont décrits dans ses cahiers de notes
1944 : elle meurt dans un accident de la circulation. Elle laisse 1.300 peintures et 26.000 pages de notes.
1986 : son œuvre abstraite est dévoilée au public, lors de l’exposition « The Spiritual in Art, Abstract Painting 1890-1985 », à Los Angeles.
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