Pour la journaliste Cécile S. Gallego, les Panama Papers ont également inspiré d’autres enquêtes journalistiques à grande échelle.
Diplômée de la Columbia Journalism School (New York, USA) et de l’Ecole de Journalisme de Sciences Po (Paris), Cécile S. Gallego rejoint l’ICIJ en 2014.
Outre le projet des Panama Papers, elle a collaboré entre autres aux Paradise Papers, aux Swiss Leaks et aux Lux Leaks . Elle a précédemment écrit pour Slate.fr.
Quand a commencé votre collaboration avec l‘ICIJ et sur quel projet ?
La collaboration a débuté en 2014 avec le projet Evicted and Abandoned.
Evicted and Abandoned est une enquête mondiale qui révèle comment la Banque mondiale – prêteur majeur au développement, dont l’engagement vise l’éradication de la pauvreté – a régulièrement omis de suivre ses propres règles de protection des populations vulnérables (ndlr).

Mon travail consistait à créer une base de données et à compter le nombre de personnes déplacées lors de projets financés par la Banque mondiale.
Quels ont été votre rôle et vos missions lors du projet des Panama Papers ?
J’ai principalement aidé à la coordination des partenaires et à l’aide technique. Concrètement on forme les journalistes qui travaillent avec nous à l’utilisation de nos outils, au chiffrage de communication et on les aide à exploiter au mieux les documents obtenus.
J’ai également travaillé sur le rôle des banques. Là, nous avons cherché à compter le nombre de sociétés offshore créées par des banques ou leurs filiales.
En quoi le projet des Panama Papers s‘est-il différencié des Leaks précédents ?
Concernant le travail sur la donnée numérique, le volume de documents (11,5 millions de documents) était bien plus important que précédemment.
Beaucoup de travail a été nécessaire pour rendre ces documents accessibles aux partenaires et réussir à les explorer.
Nous n’avons pas pu lire la plupart des fichiers – c’était tout simplement impossible – mais nous avons aidé les partenaires à les exploiter au mieux.
Pour ce qui est de la démarche collaborative, beaucoup des journalistes avec qui nous avons travaillé au cours des Panama Papers avaient déjà travaillé avec nous sur des projets précédents.
Ce qui explique qu’ils se connaissaient bien et ont échangé énormément au cours de ce projet.
Des journalistes télé échangeaient leurs images par exemple, ce qui est assez rare. Quant au travail en mode projet, il n’y a eu aucune différence.
Plus généralement, concernant la façon dont les journalistes ont travaillé : y-a-t-il selon vous un avant et un après Panama Papers ?
Je ne suis pas sûre. Du point de vue de l’ICIJ, ça a été progressif (Offshore Leaks, Lux Leaks, Swiss Leaks, etc.) et la méthode s’est perfectionnée au fur et à mesure.
Cependant, je pense que c’est le premier projet qui a fait connaître notre façon de travailler au grand public.
On s’est rendu compte de l’importance des outils mis à la disposition des journalistes.
Progressivement – ce n’est pas uniquement lié aux Panama Papers – on voit d’autres organisations se développer avec un modèle similaire au nôtre.
Quels ont été les principaux enseignements des Panama Papers, notamment pour le travail et la conduite du projet des Paradise Papers ?
Tout d’abord, on a vu la force des équipes transnationales sur des sujets précis ; celle-ci s’est renforcée avec les Paradise Papers.
On voit des journalistes français, anglais, russes, etc. travailler ensemble sur un thème (la Russie, Glencore, etc.) et généralement cela va dans le sens d’une plus grande qualité des articles et reportages produits.
On s’est également rendu compte de l’importance des outils que l’on met à disposition des journalistes. Il est impossible de lire un par un des millions de PDF.
Il faut mettre en place des moteurs de recherche pour faciliter la phase d’exploration, mais aussi des représentations en graphiques, comme ce que l’on voit sur notre base de données The Offshore Leaks database.
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