La coach indépendante Elodie Benni prépare les salariés et les RH à l’après-Covid-19 : car plus dur sera le retour à la normale.

Dans le contexte de Covid-19, Ennéade, le cabinet de coaching spécialisé en risques psycho-sociaux au travail, lance WellCap, une solution en ligne destinée à identifier et à évaluer les conséquences du confinement, sur le travail et le moral des collaborateurs.

Conçu et développé par la société Wellness Management et l’Université Paris-Descartes, l’outil est proposé gratuitement aux sociétés et aux équipes de moins de 50 personnes, durant la période de crise sanitaire et de télétravail.

« La démarche permet d’identifier les facteurs clés de ressources et de vigilance, de détecter les stress potentiels liés à l’isolement, et d’obtenir des pistes opérationnelles pour développer la résilience et le bien-être des équipes », détaille Elodie Benni, coach indépendante et directrice d’Ennéade.

Peurs en confinement

L’objectif est aussi de sensibiliser les dirigeants et les RH aux éventuels problèmes que leur staff rencontre en travaillant depuis leur domicile : « Le collaborateur est avant tout une personne, qui est actuellement isolée, qui a peut-être des peurs, et des proches qui vont mal… Ces situations individuelles doivent être détectées et solutionnées », insiste la consultante certifiée en wellness management.

Wellcap se présente sous forme d’une plateforme sécurisée en ligne. Les collaborateurs s’y connectent et se voient proposer un questionnaire d’une trentaine de questions. L’exercice dure une petite dizaine de minutes. La coach analyse ensuite les réponses, puis effectue une restitution au dirigeant.

« Ce bilan met en évidence les ressources des personnes et des équipes, ainsi que leurs stratégies d’adaptation face au stress et à la pression », poursuit Elodie Benni. « Pour les RH, il constitue également un support efficace d’aide à la décision, qui leur permettra d’adopter les mesures d’accompagnement les plus adaptées à la situation actuelle ».

Disparités de ressentis

Trois sociétés ont déjà signé pour la solution : « Elles ressentaient en effet que certains collaborateurs vivaient mal leur situation de confinement, » explique Elodie Benni. « Elles souhaitent donc identifier les causes de ce mal-être, afin d’y remédier rapidement ».

Pour la coach indépendante, trois grands problèmes affectent les salariés confinés : la charge de travail, pour ceux plus que jamais mobilisés pour des missions de soins et de logistique ; l’absence de vision de la part de l’employeur face à l’impact sanitaire ; et la perte d’équilibre vie professionnelle-vie personnelle, parfois très mal vécue.

« Les réponses aux questionnaires font ressortir des grandes disparités dans le ressenti des salariés », note la coach. « Certains, par exemple, n’arrivent pas à bien séparer travail et vie privée. Par contre, on observe que les frontaliers vivent mieux ce confinement. Alors que les salariés résidant au Luxembourg disent avoir perdu cet équilibre depuis le début du confinement ».

Troisième étape de la démarche, après le questionnaire et le bilan : l’intervention auprès des collaborateurs en situation de mal-être ; via des entretiens individuels destinés à les soutenir et à trouver des solutions avec eux. Le tout en visio-conférence, distanciation sociale oblige.

Plus dur sera le retour à la normale. Pour Elodie Benni en effet, la crise pandémique créera un avant et un après, en termes de risques psycho-sociaux.

Traumatismes post-crise

« On peut s’attendre à une cassure et à de nouveaux conflits qui émergeront une fois le confinement levé, » prévoit-elle. « Les personnes qui se sentaient bien en télétravail auront certainement du mal à reprendre une vie de bureau ‘normale’. Et celles qui en souffraient seront très contentes de retourner au travail, et cela donnera un regain de motivation. « Cela creusera certainement les écarts qui existaient auparavant, entre ceux opposés au télétravail et ceux qui qui y sont favorables.

Aussi, Elodie Benni prépare déjà les dirigeants pour la suite : « Notre outil permet de prévoir les risques psychosociaux actuels, et d’anticiper les demandes futures des collaborateurs, qui seront en souffrance après la crise ».

Selon elle, les employeurs devront alors investir dans du coaching, de l’accompagnement personnel et d’équipes, dans du développement personnel, des formations et de la communication, pour aider leur staff à mieux résoudre les situations de mal-être nées du confinement.

« Il s’agira de resouder les équipes, de restaurer du lien social, et donc de repartir sur de meilleures bases. Plus que jamais, il faudra alors investir dans du capital humain, et prendre soin de ce capital humain », insiste la coach indépendante.

Silicon Luxembourg, avril 2020